Páginas

dimanche 5 avril 2009

Mingalaba !


Nous troquons les taxis flambants neufs de Bangkok pour ceux plus crasseux et delabres de Yangon. On ne s’imaginait pas basculer dans un autre monde en si peu de temps et pourtant… Notre trajet, au milieu de la circulation dense et folle nous laisse penser que la modernite s’est volatilisee la haut dans le ciel entre les deux pays. Apres avoir gentillement explique a notre chauffeur que, non, nous ne voulions pas changer nos dollars dans son gourbis infame et douteux, nous atterrissons a la White House. Rien de la maison blanche, je peux vous l’assurer. Un vrai labyrinthe au nombre inconcevable d’etages… d’ailleurs je n’y crois toujours pas!
Bref, parlons de cette capitale dechue et de son ambiance si speciale… Malheureusement, les douces sonorites du nom Yangon ne peuvent rivaliser avec le bruit tonitruant des voitures ajoute a celui, infernal, des generateurs. Nos oreilles ont du mal a l’accepter mais il faudra faire avec. Les grandes facades coloniales charment, en revanche, notre regard. Les patines sont magnifiques. La mousson a du passer par la pour rendre de pareils pastels. On plongerait bien notre curiosite au dela de ces encadres de fenetre. Parfois, par chance, on surprend un petit gamin a l’affut d’une nouveaute ou une vieille grand-mere, le cheerot au bec ( cigare local) s’abandonnant a la routine…
De toute maniere, la vie birmane est juste au coin de la rue. Les gens vendent, jouent, rient, dorment, mangent, boivent du the dehors. Ils nous regardent bizarrement autant que nous pouvons le faire d’ailleurs. Pour faire le portrait chinois d’un birman… oulala, la tache s avere compliquee. Il y a tellement de visages venus d’ailleurs. Indiens, chinois, et ethnies differentes se retrouvent ici. Toutefois, après avoir goute l’air du pays quelques jours, certains traits significatifs se devoilent. On vous en livre un d’ores et deja… ce n’est pas le plus glamour… plutot repugnant meme! Oui ce truc rouge maronnasse dans la bouche la, c’est quoi? Ah du betel!... Mais dis moi, ils n’ont pas les dents toutes pourries dessous? Ah tu crois qu’ils n’en ont plus… Et tu fais quoi quand ils te sourient a large bouche et que le fou rire ou le degout te saisit? Ou encore lorsqu’ils se raclent la gorge comme ils savent si bien le faire et qu’il crache le tout par terre au moment ou tu passes? Bah… Tu souris! Au premier instant, la chique traditionnelle peut choquer et puis on finit par s’y habituer… On va peut etre meme se mettre a la bonne birmanne en rentrant… Apparemment, ca procure un certain bien etre! C’est fait avec la noix et la feuille de betel le tout mixe a de la chaux... d’ou l’etat de la dentition! On apprendra plus tard que pour eux les dents blanches sont synonymes de mauvaise sante... La c’est bon, ils sont en mega top bonne forme!!!

Pour faire plaisir a notre bouddhiste en herbe, nous visitons la pagode Shwedagon que je surnomme Chew gum au grand desespoir de Chiquito!



Oui bah, on s’amuse comme on peu! ATTENTION, Mesdames et messieurs, enlevez vos chaussures, glissez vous dans l’ascenseur et c’est parti pour le Nirvana! Ultra moderne, cette pagode, en comparaison a l’impression generale de la ville… Les portes s’ouvrent et nous penetrons dans le monde fantastique de Bouddha land! Combien de statues a son effigie??? Pff impossible de compter: des petits, des grands, des couches, des debouts, des assis, en lotus, la main levee ou pas, les yeux ouverts ou non…. Mais ceux qu’on prefere et de loin… sont les ultra galactiques avec leur faisceau lumineux en guise d’aureole!



Chiquito en veut un evidemment, je crois qu’il n’a pas encore compris que ce n’est pas lui Bouddha! Treve de plaisanteries… il faut reconnaitre que le lieu est tres paisible. Les gens viennent ici en famille pour bavarder ou pique-niquer autour de l’enorme stupa tout d’or vetu! Les solitaires meditent… ou menent leur enquete! Et oui, Hercule Poirot se cache sous differents traits: en jeunes, vieux, femmes, moines deguises( oui, oui) . Ca va une fois deux, trois mais au dela on n’en peut plus... nous voila en train de repondre sans cesse au meme interrogatoire: “ Vous etes la depuis combien de temps? Vous allez ou apres? Quel est votre itineraire? Vous logez dans quel hotel? Quelle est votre profession? Je peux voir ce que vous avez pris en photo? “ Legerement oppressant!
Oppressant pour nous, certes, mais pour les habitants alors? J’ose a peine l’imaginer! Ils n’ont pas le droit de parler de politique entre eux ou avec des etrangers. Pas le droit de reunion, ils ne savent jamais sur qui compter. Un enfer!

Enfer… c’est aussi ( toute proportion gardee) le premier mot qui nous vient a l’esprit pour qualifier le premier trajet longue distance… Pourtant ca partait bien, le bus, a notre grand soulagement, ressemblait a un bus meme un peu luxe! Pour 15 heures de voyage et une nuit c’est important…. Hum… hum… a peine 2 heures plus tard, il s’arrete deja… il est 18h. Une voix doucereuse, nous annonce au haut parleur ( volume maximum) qu’il est l’heure de diner… C’est pas l’air de la boum derriere?? C’est cela… Au debut, ca nous fait rire et on imagine Sophie Marceau derriere le micro en plein milieu du Myanmar, surrealiste! Realisant que ca va etre comme ca toutes les deux heures, on trouve ca beaucoup moins drole! Sophie Marceau se transforme assez rapidemment en poupee vaudoue que tu piques violemment et que tu finis par demembrer avec folie!! Surtout a trois heures du matin ou on t’annonce: “ Badabam badam… badabam bam… badabam badam badam bam…. Il est 3h du matin… Nous arrivons a notre quarantieme arret … et il est l’heure du petit dejeuner… La compagnie est heureuse de vous offrir un dentifrice et une magnifique brosse a dent… ne me remerciez pas, c’est tout naturel… Badabam badam… badabam bam… badabam badam badam bam….” Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ( Maite.: comprends-tu les boules quies leclerc maintenant??) Le pire c’est qu’on est oblige de sortir. On a beau faire semblant de dormir, ils te reveillent! Et la, tu assistes au magnifique spectacle du lavage des dents des voyageurs… et tu sens bien qu’ici c’est un pur luxe! Oui mais les gars… pas de betel après hein? Promis? Bref, pendant deux heures t’as le droit de dormir si tu fais abstraction des ronflements et crachats impensables de ton voisin… Ah 5 h du matin on te laisse je ne sais ou… encore tout endormi… Veritable epopee, pas la seule… malheureusement!

Mandalay, nous voila! On va peut etre piquer un petit roupillon tout de meme avant tout... La ville ne me seduit pas outre mesure. Elle est grise, triste et sale. Le bruit incessant des generateurs et les regards curieux poses systematiquement sur moi m’incitent plutot a rester dans la chambre d’hotel… et oui legere baisse de regime! Morgan, lui, l’appareil photo en bandouliere, apprivoise les petits rues et surprend de jolies scenes de vie…



Le lendemain, chacun trouve son compte. Nous partons dans la campagne environnante après avoir depasse la circulation demente! Ah… le calme… les petits oiseaux, les sourires… a bicycletteeuh… On observe les travailleurs des champs. Des petits chapeaux pointus se balancent, les mains dans la terre. Les charrues avec les boeufs percent la brume quotidienne. Les carrioles a chevaux se frayent un chemin. A quelle époque sommes nous déjà? On leur souhaite plus de modernite mais on ne peut etre insensible a tant de poesie… Le veritable but de la balade est la visite de deux anciennes capitales royales. Finalement, il ne devient plus qu’un prétexte pour se perdre… Afin d’acceder a Inwa, nous empruntons un bateau pour passer de l’autre cote de la rive… nos velos a bord et quelques birmans, un brin romantique... Le site est cache en pleine nature. Tout en ruine, on a peine a croire qu’il fut jadis une prestigieuse cite. La deuxieme Amarapura s’annonce beaucoup plus vivante. Pagode, monasteres, village et commerces doivent en etre la cause. Son emplacement au pied d’un lac accentue son charme. Un pont en teck de plus d’un kilometre traverse ce dernier. On apprecie le passage des bonzes et des femmes portant leurs affaires sur la tete.



Si on s’arrete en milieu de parcours et qu’on jette un oeil au loin, la vie du lac s’offre gracieusement… une serennite deconcertante… Les pecheurs avancent doucement avec leurs coquilles de noix. D’autres ramenent des troupeaux de canards ( si si je vous assure). Des hommes pechent, l’eau jusqu’a la taille en lancant leur filet… le temps s’arrete avec leur mouvement… On resterait bien des heures a contempler ce tableau birman… mais la route nous rappelle!

Avant de poursuivre, je vous donne un deuxieme element de quoi faire votre portrait… C’est un des plus etonnants mais aussi des plus jolis. Il s’appelle Thanaka. Les femmes et enfants l’utilisent essentiellement. De gros ronds, jaunes pales, maquillent leurs joues. Parfois, ils s’en mettent aussi sur le corps. Ce n’est absolument pas pour le folklore et le plus surprenant finalement est de croiser une personne qui n’en a pas…



Le produit de beaute a des vertus antiseptiques, esthetiques et protegent du soleil et des moustiques… Non je ne m’en suis pas encore badigeonnee pour ceux qui suivent ma dure vie de victime de moustiques… Par contre, Morgan devrait y penser car il a pris la releve question piqure... mais de puces ! Enfin un peu de compassion ! Il est devore et moi rien du tout... ca me rappelle quelque chose !
Petit aparte termine, partons en direction de Bagan. Une carriole nous y attend… tiens on ne l’avait pas encore fait ! En realite, nous arrivons au village de Nyaung Oo et tant mieux, un peu de vert, marre de ces grandes villes moroses et polluees ! Tout en terre battue, artisans et charmant petit hotel ! Chiquito est aux anges, nous voila aux pays des 4000 pagodes… ce n’est pas une blague ! Il y en a partout…



Ici, on cultive des temples et des pagodes comme des tomates… Pourquoi pas ? Vous faites un tour de 360 degres et vous etes cernes ! On passe trois jours a visiter une infime partie du site. On prefere les monuments ou il faut demander au gardien de nous ouvrir la porte. La torche a la main, on decouvre les peintures anciennes de la vie de Bouddha dans l’obscurite. Un petit cote aventurier quoi ! Surtout quand c’est le petit fiston, haut comme trois pommes, qui te guide jusqu’au sommet… La vue parait surrealiste… vous imaginez, vous, des milliers d’Eglises et Cathedrales les unes a cote des autres ?
Bagan c’est aussi le lieu ou on tire la sonnette d’alarme… Elle est ou la nourriture francaise ??? Au bout de huit mois, on arrive a saturation. Morgan, tombant meme malade ( non pas possible, ce n’est pas superman qui se reveille tous les matins a cote de moi ???) ne veut plus manger… c’est dire ! Manger local, c’est accepter un peu de viande dans ton huile… ou etre resigne au gout de crevette fermentee systematique dans tous les plats. Toutes les sauces, viandes, soupes ont ce petit gout bien… degoutant de vieux poissons pourris. Du coup, le budget craque et se lance dans la cuisine italienne, indienne mais birmane… non c’est fini ! Rupture de contrat…

On aurait aime en faire autant avec les transports locaux mais la on n’a pas le choix, on est contraint de prendre les bus pour ne pas donner le moins d’argent au gouvernement. C’est donc, l’air abattu, a 3h30 du matin que nous montons dans ce qui ressemble de tres loin a un bus…On a l’espoir que c’est juste une gentille petite navette nous menant a un autre bus. Mais nous ne sommes pas dans le monde de Mickey ici ! Nous allons passer les 12 prochaines heures plies en deux parce que les jambes ici c’est en option ! Nous n’avons jamais fait pire ! Deux bons jours pour s’en remettre…

L’air frais de Kalaw nous console a notre arrivee. La petite ville, entouree de montagnes, s’annonce bien sympathique. L’endroit est ideal avant d’attaquer un trek de trois jours. Soixante kilometres en perspective…
La jolie foret de pins pour debuter le periple place la journee sous de bons auspices. On se croirait presque dans les landes. Notre guide s’avere plutôt bavard. Chaque arbre, fleur ou fruit y passe… la nature semble ne plus avoir de secret pour lui. Au fur et a mesure, nous faisons egalement connaissance avec nos compagnons de voyage : un americain, une anglaise et deux portugais. Nous traversons des rizieres pour la plupart assechees sous un soleil de plomb. La terre est magnifiquement rouge et donne tout son eclat a la vegetation.
Des travailleurs recoltent les meilleures feuilles pour le the… que l’on goutera quelques heures plus tard dans un petit village. Un mot : delicieux ! On n’a jamais autant bu de the qu’en Birmanie. Nous dormons la premiere nuit apres plus de 20 kilometres de marche chez une famille tres chaleureuse. Il semble que l’accueil est un point d’honneur dans ce pays. C’est impossible de mourir de faim ici… Ils se levent a quatre heures du matin pour tout preparer. A table, ils te reservent toutes les cinq minutes et nous demandent si tout va bien… on ne peut mieux ! Enfin des plats sans crevettes ou autres poissons seches ! Bon, il y a juste un petit detail qui fait defaut… c’est leur douche la… au milieu du champ qui tient avec trois planches… au bout du compte on se demande ce qu’elles font la car petits, grands, poules et bœufs passent devant toi en souriant alors que tu es nu comme un vers … si si les poules ca sourit ! Je revois Morgan me mettre la bassine sur la tete et me dire : On en aura connu des choses cette annee… c’est sur !
Morgan improvise avec un petit garcon de la famille une partie de chinlon. C’est un melange de foot et de volley. Un filet pour separer les deux equipes et une balle en rotin pour jouer seulement du pied ou de la tete ! Apres quelques debuts difficiles, la France arrive a renvoyer les balles au plus grand plaisir du Myanmar !
Le deuxieme jour est le plus dur : 24 kilometres.



Chiquito a des ampoules.. et nous aussi ! Il perd quelque peu son flegme bouddhique ces temps derniers... Nous croisons sur notre chemin un bon nombre d’ethnies. Les petits courent dans tous les villages pour nous lancer des : Hello, Bye Bye ou Mingalaba… Mingalaba telle une jolie formule magique pour se saluer…
Sur notre chemin, nous rencontrons le medecin du coin. 84 ans ! Les gens de la region viennent le voir pour de multiples raisons dont le paludisme. Beaucoup de birmans pensent que la maladie vient de bananes ou de fruits crus… Pas de probleme, le petit papi a un remede bien particulier : une petite boule magique faite d’opium et de cannabis… et dire qu’on se prend un traitement infect depuis plus d’un mois…
En fin d’apres midi, nous discutons avec deux femmes Karens noirs. Elles ecrasent des mottes de terre et notre guide, qui parle je ne sais combien de dialectes, nous traduit leurs propos. Elles nous envient d’avoir la peau blanche, elles aimeraient etre comme nous. L’etre humain, aux quatre coins de la planete, n’est donc jamais satisfait ? Leur rire nous porte jusqu’au monastere ou nous dormons ce soir.



Encore une chose que nous ne pensions pas faire un jour… De jeunes moines etudient ici. Nous arrivons pratiquement au moment de la priere du soir qui berce le repas.
Cette soiree est encore un excellent moment pour comprendre ce qui se passe reellement au Myanmar. Depuis deux jours, notre guide nous explique la situation de son pays. Enfin un regard de l’interieur ! C’est un homme d’une grande intelligence et qui a beaucoup de recul sur les choses. Nous pensons qu’il fait essentiellement ce trek pour aider les villages d’une part et pour discuter librement avec des etrangers. Au milieu de la nature et avec ses amis qui l’entourent, il ne risque pas grand-chose. Ca sera un peu brouillon mais je vous livre pele-mele certains de ses propos.
La situation devrait pouvoir evoluer, selon lui, grace a la crise mondiale. La Birmanie va devoir s’ouvrir car elle ne peut plus commercer avec les pays frontaliers ( surtout la Chine) qui commencent a s’affaiblir. De plus, de nouvelles elections auront lieu en 2010… bon ca apres ce qu’en fera la junte… rien n’est gagne ! Ils nous apprend pourquoi il n’y a pas plus de rebellions a cette dictature. Le Bouddhisme lui semble un premier facteur… Les birmans sont assez fatalistes et pensent que c’est parce qu’ils ont fait de mauvaises choses dans leurs vies anterieures et que les prochaines seront certainement meilleures. La revolte en 2007 n’a concerne seulement que cinq pour cent des moines. La plupart n’était meme pas au courant.De plus, les gens ( a 90 pour cent agriculteurs), travaillant tellement, n’ont pas le temps de s’interesser a la politique et peut etre pas l’energie non plus… Le manque d’education, egalement, rend cette population beaucoup plus maleable pour le gouvernement en place...
Concernant le tourisme... il nous precise qu’il y a seulement 10 pour cent des touristes qui voyagent en independant. Les autres le font en grand groupe organise et l’argent va directement a la junte. La population n’en beneficie quasiment pas. S’il le pouvait le gouvernement ne nous accepterait pas sur leur territoire mais ils ne peuvent pas refuser certains visas plutôt que d’autres. Nous sommes plus difficiles a localiser meme si le pays est bien quadrille… Une infime partie du pays est visible. Bien sur, les camps de travaux forces ou petits, jeunes et vieux obeissent a leur bourreau ne sont pas tres vendeurs… Toutes les zones frontalieres nous sont interdites et on n’a pas interet a s’y retrouver… mais pour notre guide, il est important qu’il y ait des voyageurs comme nous. Leur accueil et ces sourires si communicatifs ( quand il n’y a pas de betel) ne font que le confirmer…
La priere a 4h30 du matin, nous fait reprendre assez rapidement nos esprits. Chiquito n’est pas d’humeur matinale et les propos de la veille le laisse dubitatif... Son cote revolutionnaire revient et sa ferveur bouddhique s’eloigne ! Les jeunes moines dont la voix est encore peu clair laissent echapper parfois des rires… L’ambiance est particuliere et nous apprecions le lever du soleil en douceur…
Nous revoila partis pour de bons kilometres encore ! Vers midi nous arrivons enfin a destination : le lac Inle. C’est fini ! Ce trek a ete autant une joie pour les yeux que pour notre connaissance sur le pays.
Nous traversons alors le lac une premiere fois en entier pour arriver a la ville de Nyaungshwe. Le trajet nous promet déjà beaucoup.
Comment decrire cet endroit unique ? Comme dirait Morgan, la realite depasse ici l’imaginaire. Au petit matin, nous partons le decouvrir et c’est certainement le meilleur moment… A cette heure la, les Intha dansent avec leur rame… Ils enroulent leur pied autour de la pagaie et glissent ainsi sur l’eau… Ils lancent leur filet etonnant (de forme conique) pour attrapper le poisson.



D’autres ramassent des algues qui recouvriront plus tard de terre pour en faire leur jardin flottant… Des champs de tomates, salades ou potirons flottent ainsi au grand soin de ces eternels chapeaux pointus sur leur coquille de noix… Le tout est d’une poesie enchantante, envoutante comme nous a glisse une amie… Nous decouvrons de nombreux villages sur pilotis. Les petits se ruent aux fenetres pour nous dire bonjour ou faire un signe de la main… meme ceux de un ou deux ans ont appris a le faire. C’est comme un sport national ici ! Leur entrain nous incite a lancer des Mingalaba plein de sourire en essayant de toucher chacun d’entre eux. Notre piroguier nous mene dans un atelier de tissage assez exceptionnel. Nous sommes bluffes ! Les Intha ont developpe une technique tout a fait unique. Leur soie provient de fibres de fleurs de lotus. Des femmes extirpent de fins fils des tiges de lotus et les lient ensemble pour les rendre plus epais. Le procede exige beaucoup de patience et de savoir-faire.
Comment ne pas tomber amoureux de ce lac ? Un autre temps, un autre monde. Tous glissent en harmonie sur l’eau et chaque action devient un geste poetique…

Evidemment, ceci ne peut passer inapercu a mon photographe trotinette ( j ai peur que ca soit censure ca…) Il decide, en effet, d’ y retourner une fois de plus le lendemain matin pour faire quelques marches… Etant seul avec le piroguier, il converse avec lui un petit bout de temps… le pauvre est confronte a un serieux probleme : il aime deux femmes mais il a promis le mariage a la premiere… mariage ou il doit inviter deux mille personnes… imaginez un peu le budget !!! Bah oui mais faut inviter tout le village aussi… Il a une deuxieme conquete pour aller au cinema ou boire un the… rien de bien mechant plutôt platonique mais il explique que c’est sa facon a lui de s’amuser parce qu’apres le mariage il devra travailler dur pour nourrir sa femme et ses enfants… Il a reussi a se mettre a son compte grace a un voyageur canadien qui lui a offert 700 dollars… soit la moitie de son bateau.
Bon, j’ai completement oublie le dernier accessoire a la mode birmanne… Le Longji ! C’est une jupe que portent les femmes aussi bien que les hommes. Carreaux obligatoires pour la mode masculine… liberte au feminin ! Ils ont fiere allure ainsi et on se sent presque ridicule avec nos pantalons… Ils sont les seuls aujourd’hui de toute l’Asie a avoir garde cet habillement, les autres ayant rapidemment adopte le style occidental.

Demain, nous repartons vers d’autres horizons beaucoup plus detendus dirons nous. Morgan, comble, a trouve que la Birmanie etait a la hauteur de ses esperances. Etonnante, il l’a decouvert la ou il ne l’attendait pas. Pour ma part, je ne voulais pas venir en Birmanie par peur et en pensant que les habitants ne profiteraient pas de notre passage. Je savais que ce pays était important pour Morgan… Allez secretement, je vais vous dire, je pensais avoir raison et lui prouver a la fin des trois semaines que ce pays en l’etat actuel des choses n’était pas a faire… Je me suis trompee… mais chut faut pas le dire… Tout simplement, ce pays est magnifique. Peut-etre un jour nous en verrons un peu plus… Et puis surtout, ces gens ont besoin de nous voir. Leur joie d’etre au contact d’etrangers ne trompe pas...




Charlotte

13 commentaires:

so a dit…

Super ! textes ... photos, émotions ... tout !! vous lire m'avait manqué, on voit qe vous avez été très touché par ce pays, ces gens, ces paysages ... encore une belle expérience !! Bises Sophie

olivia a dit…

tout d'abord félicitations habituelles à l'écrivaine et bien sûr au photographe à l'oeil incroyable!ces photos du lac Inle sont de loin bien meilleures que celles que j'avais découvertes sur internet lors de mes balades virtuelles!Chapeau bas aussi pour avoir découvert ce pays assez difficile, avec dicernement, humour quand même, respect comme d'habitude de cette vie qui nous est si étrange, étrangère vraiment.Ces gens vivent, du mieux qu'ils le peuvent avec leurs traditions fortes et ce régime écrasant.Une fois de plus vous avez été des témoins à la hauteur...Ces sourires d'enfants et quelquefois aussi leur air grave sont sans doute promesses de lendemains meilleurs et d'avenir plus léger!Eh oui, l'homme peut toujours être un loup pour l'homme...dans nos démocraties nous avons tendance à oublier ces réalités que vous avez croisées....Maintenant Bali vous attend, avec plus de douceur et de légèreté mais peut-être aussi moins de poésie.Bonne route à vous;au fait j'aimerais bien goûter ce fameux thé birman...y en aura-t-il un peu dans vos bagages?grosses bises!

Unknown a dit…

wouahhh!!! ça faisait tellement longtemps et ça fait tellement du bien de lire et voir tous ces moments de vie et d'histoire!!! Ce récit et ces photos sont magnifiques. Vous avez sûrement progressé dans les langues mais vous avez aussi progressé tous les deux de votre côté; Charlotte pour l'écriture et Momo pour la photo. Vous avez réussi à nous transmettre une émotion incroyable!!!

J'ai hâte d'avoir de vos nouvelles plus longuement qu'hier vous me manquez beaucoup...

Gros bisous!!!

Ronan

Anonyme a dit…

Beaucoup d'émotions dans ce texte, un peu de tristesse même, mais toujours de l'optimisme et c'est vraiment comme ça que vous nous faites vivre votre voyage.
Merci
Rachel
ps : bonjour à tous vos prochains visiteurs que nous envions énormément. Nous penserons d'autant plus à vous ces deux prochaines semaines.

chiquito a dit…

Merci pour vos compliments... ca fait plaisir!
Sophie... merci pour ton petit mot j'ai recu les plans de ton appart et je vais etudier tout ca...
Maman, toujours fidele au poste et tu as bien ressenti ce que nous avons pu vivre la bas... et c'est vrai tu as raison les messages qu'on peut nous envoyer nous font toujours beaucoup de bien.. c'est difficile de savoir de la ou on est si on touche les gens ou pas... et c;est aussi un bon moyen d'avoir de vos nouvelles! bon voyage dans le sud avec le petit loup!
Ronan, promis des qu'on peut ton frere t'appelle... l'asie c'est moins facile que l'amerique du sud pour se joindre! Et puis y a pas idee d'etre a un salon le dimanche aussi! Gros bisou a toi...
Rachel... nous avons retrouve les voyageurs ils etaient trop mimi avec leurs casques et leurs lunettes en scooter dans les rizieres! On vous embrasse fort ainsi que vos 2 loupiots
Charlotte et Morgan

olivia a dit…

espérons que le bruit fracassant des cloches de Pâques va réveiller tous les fidèles de Chiquito...eh oui c'est bientôt...et déjà les rameaux se sont agités. A paris, ce jour là , le vent était très doux...alors une vielle croyance dit, que toute l'année aura un vent doux!souhaitons le.Comme cela quand vous rentrerz tout se fera dans la douceur...

bibiche a dit…

Les fêtes de Pâques m'ont un peu éloignée de vos récits, mais je viens de vivre le roman de Charlotte sur la Birmanie et je dois dire que l'ambiance y est tout simplement émotionnelle tant les sentiments sont forts et concrets ! Quelques photos magiques et le tour est joué pour une belle expo à la rentrée ! Félicitations, on l'aura dit et redit mais que dire de plus, les mots nous manquent nous lecteurs passionnés par votre périple, nous n' avons guère de choses époustouflantes à raconter sur notre quotidien !!en tous les cas merci encore pour tous ses efforts d' écriture couronnés de succès !
Mingalaba les petits !

Pénélope a dit…

bonjour,
est-ce que Marie est avec vous en Birmanie ? J'espère qu'elle sera la à la rentrée pour nous raconter le voyage.

bisous Pénélope une élève de marie

Marie Ludo a dit…

coucou penelope,
eh non, je n etais pas en birmanie avec eux mais je les ai retrouves a Bali en Indonesie pour quelques jours. J y suis toujours d ailleurs mais plus pour longtemps car la rentree cest dans 4 jours... bonnes vacances a toi, gros bisous
Marie

les aventuriers : toujours au top vos photos et vos textes. Bonnes vacances avec les petites francaises... On vous laisse un peu de soleil.
gros bisous
Marie et Ludo

chiquito a dit…

merci a tout le monde pour les commentaires, on est moins present en ce moment mais nous avons des invitees... qui profitent pleinemnt de leurs vacances!!! A tres bientot pour un nouveau texte!
Charlotte et Morgan

didie y julio a dit…

Un ptit coucou avant le départ. Bon j'espère que Maït' et Lulu profitez bien de nos 2 euh, 3 baroudeurs, il va me falloir un rapport complet au retour !

Je vous fais de grosses bises et vous dis àtrès bientôt

Dom a dit…

Splendide, texte et photos, un vrai regal. Hormis la situation politique, bien differente, on dirait l'Inde (ce qui s'explique historiquement.
Pour avoir juste approcher les Birmans a la frontiere chinoise l'an passe, je dois dire que leur physique et leurs comportements sont tout a fait 'indiens', jusqu'au betel et au longji que les trois quart des hommes portent toujours en Inde aussi. J'en ai d'ailleurs un dont je ne me separe pas ;).
J'aimerais partager l'enthousiasme de votre guide sur l'ouverture du pays. La crise actuelle ne portera pas tant prejudice a la Chine; elle renforce sa position comparativement au reste du monde. Je doute que les echanges commerciaux de la Birmanie ne profitent de l'occasion.
M'enfin, j'arrete de jouer les relous, on en reparlera dans quelques annees, en esperant que j'ai totalement tort.

Merci pour ce delicieux partage.
J'attends la suite avec impatience. Je veux voir Bali a travers vos yeux.

Bises a Chiquito.

Dom.

olivia a dit…

Où sont les guides pour la découverte de Bali? ah, ils prennent des vacances....j'ai eu peur que ce ne soit une petite grève.... avec séquestration(c'est la mode en ce moment) des infos pour touristes virtuels en mal d'aventures,qui lisent et relisent les exploits passés, avides de nouveauté, comme dans un feuilleton, qu'on attend et qui n'arrive pas assez vite;ou comme ce prisonnier qui relit sans arrêt le document resté dans sa cellule....y cherchant toujours plus:untruc qui le fait s'évader de son petit monde réduit!Alors rentrez vite à la maison, dans nos ordinateurs.On a envie de nouvelles rencontres , de nouveaux paysages,on goûterait bien un peu de la cuisine balinaise....que dire aussi? des bains de soleil sur la plage....des bruits de la foule,des commentaires de Chiquito.D'une petite vidéo? c'est peut-être trop demandé cela....bon allez revenez quoi!Y aura un pt'it pourboire pour les guides!!!:plein de commentaires jubilatoires!!!!