Huaraz et Trujillo

Le bus de nuit avec lequel nous quittons Arequipa, nous emmene vers le Nord du pays. Ces bus sont, maintenant, devenus une petite routine pour nous mais malgré tout on a toujours du mal à se faire au vieux sandwich déconfit et sa tranche de salami tout sec qui nous sont proposés à chaque fois en guise de repas du soir ainsi qu´aux films piratés de quatriéme catégorie qui animent ces fabuleuses soirées.
Apres une courte escale d´une demi journée à Lima, un dilem se pose: notre itinéraire prévoit un passage dans la cordilliere blanche et une étape dans la capitale du Nord, Trujillo, toute proche du pacifique mais impossible de combiner les deux par rapport au temps qui nous reste. On decide donc de se séparer, l´un étant plus attiré par l´air iodé de la mer et l´autre par l´air frais de la montagne... je vous laisse deviner qui a choisi quoi...

Je pars donc, seul, pour Huaraz, ville-camp de base pour tout ce qui est trecks et ascension dans la région.
La route qui remonte le long du pacifique est, depuis le début, très austère, c´est en fait un interminable paysage de sable gris sans végetation. Parfois quelques villages composés de maisons en adobe emmergent, ca et là, entre les dunes de ce désert uniformément morne.
C´est donc avec une joie non dissimulée que je retrouve le paysage escarpé que j´affectionne tant: la cordillière!. Huaraz m´accueille, sous la pluie, avec ses sempiternels coups de klaxon, monnaie courante dans les villes péruviennes. Venu ici pour faire un 6000 comme on dit dans le jargon montagnard, je repars avec un treck de 4 jours (le Santa Cruz) sous le bras, un peu décu que la saison interdise de monter au dessus de cette limite tant espérée.
Le repas du soir est, il faut l´avouer, assez glauque, tout seul au resto, sans ma ptite Charlotte à mes côtés. Imaginez-vous, 24h sur 24h depuis presque 3 mois avec votre moitié et d´un seul coup hop! Vous vous retrouvez nez à nez avec votre pollo! et bien je vous assure: ca fait drôle! Tout ca pour dire qu´il me tardait déjà de rencontrer mes acolytes de treck du lendemain!
Le groupe est pour le moins international puisqu'il compte 8 nationalités, une suisse, deux allemands, un australien, un canadien, deux franco"quebecois", trois péruviens et moi!

Au départ à six heures du matin, le manque de sommeil se lit encore dans nos yeux mais c'est dans un esprit bon enfant que l'on part serré comme des sardines dans le microbus. Il nous laissera 5 heures plus tard au départ du treck. Encore tout remués par cette route de terre et ces interminables virages, on arpente la vallée verdoyante qui se présente à nous accompagnés par le murmure du ruisseau qu'on ne cessera de remonter toute la journée. Aprés avoir enfin réussi à semer la troupe de gamins qui nous suivaient, gentillement, par curiosité et aprés avoir slalomé entre quelques lamas, nous entrons dans une partie de plus en plus encaissée où l'on apercoit la cime immaculée des montagnes dont l´une d´elle semble tout droit sortie d'un carnet à dessin d'enfants.. pour tout vous dire je ne pensais même pas qu'un tel relief pouvait exister autre part que sur du papier...

L'emplacement de notre premier campement est magnifique, tout y est réuni pour faire de ce lieu un endroit magique et ce que je ne savais pas encore c'est que les prochains allaient être encore mieux...



Le deuxiéme jour est, il faut bien l´avouer, beaucoup moins plaisant et au niveau de l'effort ( on passera un col á plus de 4700m) et surtout au niveau du climat (on aura une alternance de brouillard, de précipitations, de grêle et une belle éclaircie en fin de journée... bon c´est bon Evelyne Délya rentre chez toi...)
Les deux derniers jours sont consacrés à redescendre la cordillere en découvrant les différents étages de végétation. Le temps, parfois (souvent?), pluvieux nous permet d'enrichir les échanges entre nous tous et de passer des moments simples comme on les aime. Par exemple José et Anais, un couple francais qui vient de passer un an et demi à travailler au Québec et qui font partie des belles rencontres du voyages. Mais je pourrais aussi vous parler de Calvin l'australien et de sa copine allemande qui voyagent depuis quatre ans autour du monde en faisant des petits boulots ou encore de Ron, ce canadien de 46 ans qui en parait 10 de moins, qui a déjá baroudé sur tous les continents mais toujours en compagnie de sa mascotte Rufus...
Si vous ajoutez à cela le fait qu'on a un cuistot péruvien qui nous fait des plats ahurissants pour un treck, que le guide musicien nous joue des airs de flûte le soir au diner et qu´il y a des mules pour porter nos gros sac... ca vous fait oublier le temps mitigé et les courtes nuits glacées sous la tente á 4000 m d'altitude où même le fait de dormir tout habillé avec polaires, drap de soie, duvet ET couverture de survie ne suffit pas à vous réchauffer!

Le trajet vers Trujillo, pour rejoindre Charlotte, est pour le moins épique!... Vous longerez un magnifique canyon, la vue y est grandiose qui disait dans le guide... c´est sûr que le canyon je le vois bien lá.. et si la péruvienne devant pouvait arrêter de crier à chaque fois que les roues du bus se rapprochent dangereusement du vide ca m´aiderait à rester calme!

Et si en plus le gars du bus pouvait arrêter de le charger à bloc ca serait parfait!... bon... 7 heures plus tard, on sort enfin du canyon... les 6 chèvres, le mouton et le cochon balancés auparavant dans la soute, seront ressortis, attachés et tous rebalancés dans une mototaxi (sisi je vous assure... ca passe... c´est le cochon qui conduit...).
Enfin, à 18h je retrouve Charlotte, épuisé mais heureux!

Bon, il parait que je dois aussi écrire quelque chose sur cette semaine en solo... Moi je ne vois pas pourquoi mais bon...je vais essayer. Au fait Julien si tu es encore dans le coin ( c'est vrai ca on ne te voit plus trop en ce moment...) c'est le moment de compter les points en ma faveur! Reprenons l'expression de Morgan sur les moments simples qu'on aime á vivre... hum hum... tiens si j'en ai un... moi seule dans une chambre d'hotel miteuse coincée dans ma moustiquaire observant un gentil cafard descendre le long de celle-ci... par exemple... ou moi essayant de coincer comme il faut mes boules quies pour ne pas entendre toute la nuit ces millions de taxis... oh mais je pourrais tellement vous en trouvez d'autres comme manger toute seule au resto matin midi et soir, bon ca y est je tombe dans le mélo!!! Tu vois Morgan, j'avais dit que ca ne serait pas drôle... Bon vous l'aurez compris, l'air iodé de la côte ne m'a pas franchement emballée et la semaine a été longue...trés longue!!! On pensait que ca serait une ville agréable pour y séjourner un bout de temps, on s'est bien planté!!! Heureusement, la visite des sites pré-incas au milieu de la semaine m'a vraiment changé les idées. Ces lieux étaient chargés d'importantes et fascinantes histoires.

Et puis j'ai quand même fait la rencontre d'une jeune péruvienne adorable. Nous avons beaucoup parlé et échangé sur nos pays respectifs. Bref, nous continuons á discuter via internet et j'en suis ravie. Voici un vrai moment simple que j'ai vécu!!! Le deuxieme et pas le moindre... revoir la frimousse de mon petit montagnard, ouf!
Enfin voilá, notre séjour au Pérou s'achéve sur une derniére image peu flatteuse. Nous avons pris un verre avec deux jeunes péruviens, rencontrés dans la rue et fort sympathiques de prime abord, mais qui malheureusement tenteront une heure plus tard de nous refiler leurs faux billets de 100 soles... mais aprés nos trois mois en Amérique du Sud, on nous l a fait pas !! Un peu dommage tout de même de finir sur cette note... Les péruviens ont bien compris le tourisme et même un peu trop ce qui pervertit ici le contact humain.
Mais à jamais dans nos mémoires, l´image du Machu Picchu au coucher de soleil...

Morgan et Charlotte.

Petit aparté...mille excuses pour le manque et les fautes de ponctuation mais les claviers ici laissent franchement á désirer!!