De Buenos Aires au bout du monde...

Adieu pluie de l'Equateur, bonjour soleil argentin! Vive short, tee-shirt, robe et jupette en plein novembre! De retour en Argentine, voyons voir si les habitants du sud et de Buenos Aires sont plus agréables que ceux du nord... bon et bien en l'espace de deux heures, c'est chose faite pour la capitale! Ils sont forts ces argentins... Nous logeons en plein coeur du quartier de San Telmo, paradis des antiquaires et du tango. L'hôtel est sympa, il fait beau et malgré notre nuit difficile en plein ciel, on est heureux!!! On décide, pour commencer en douceur, de se rendre dans le quartier des grands parcs. Mais avant... une chose d'une extrême importance s'impose! Une seule.. et elle est vitale! Vous ne voyez pas? Pouvez-vous imaginer quatre mois avec comme seul plat principal, du pollo? Je sens nos amis les carnassiers se réveiller... bah oui! Bien sûr de la bonne viande rouge! Du bon boeuf bien sanguinolent! Ahh enfin nos papilles vont revivre! Un bon petit resto, une nappe à carreaux, du bon vin, une ambiance populaire, tel est le lieu du crime... Les plats qui défilent sous nos yeux sont d'une extrême provocation! On a faim!!! La commande faite, on est prêt fourchette et couteau à la main à se jeter sur notre festin, à dévorer ces énormes entrecôtes des tables voisines. Le serveur arrive, nos yeux s'écarquillent, nos mains se ressèrent sur les ustensiles de cuisine, on y est presque... Le bonheur est à portée de main... ( mais non je n'en fais pas trop!) Quoi! Mais c'est quoi ce truc! Pfff RI-DI-CU-LE, après trois mois d'espagnol, on se plante encore dans les plats... Oh non... de la blanquette... Chiquito est tordu de rire sur le plancher et le serveur manque le faire sortir!! Il s'en moque lui, il est végétarien... Certes, le plat est très bon mais on va la goûter cette entrecôte! On apprendra vite qu'il faut commander un "bife" de chorizo pour obtenir satisfaction. Vous pouvez me croire, la viande dans ce pays est à tomber par terre! D'une épaisseur impensable pour nos bouchers français, elle fond sous la langue, un vrai délice. Ahhhhhhhhhhhhhhh hummmmmmmmmm... J'en veux encore!!!
Ce petit aparté culinaire étant fait, revenons à notre journée. Elle se résume à une belle promenade dans les nombreux parcs de la capitale. Sympathique. Le lendemain, nous partons à pied dans le quartier de la Recoleta, célèbre pour son cimetière ( Père Lachaise argentin) et son marché artisanal. Les grands immeubles et leur architecture longeant notre parcours, nous rappellent Paris. Ces rues, restaurants, habitants évoquent une impression familière. On ne se sent pas touristes à Buenos Aires et c'est appréciable de se dissimuler dans la foule. Le cimetière paraît être un énorme village où tous les styles d'édifices se côtoient: des maisons pour les plus modestes, des châteaux pour les plus mégalo mais aussi des palais pour les plus, ... je ne sais même pas qui peut rentrer dans cette catégorie! Pourtant, le surprenant ne réside peut-être pas dans la taille des bâtisses mais plutôt dans ce qu'elles contiennent. Un frisson parcourt notre corps en regardant l'intérieur des caveaux. Les cercueils sont empilés les uns sur les autres au regard des passants. La profondeur est bien souvent terrifiante... Quand il y a une crise du logement, on entasse les os des premiers pour les mettre dans une petite boîte qui n'est d'ailleurs pas toujours nécessaire de refermer... Charmant... Lieu étrange où le fantôme d'Evita doit se balader le soir... pour notre part, on préfère décamper et assister à un spectacle de flamenco improvisé dans un bar. Beaucoup mieux! La voix du chanteur est envoûtante, les musiciens s'éclatent et la danseuse éxécute un show tout en puissance et délicatesse. Littéralement séduits! Et ne parlons pas de Chiquito qui s'est jeté sur son éventail et qu'il a fallu retenir maintes fois! Je crois qu'il nous en veut encore... Ah l'amour!!!
Que faire le dimanche à Buenos Aires? Pas compliqué, dans le quartier de San Telmo s'y tient un grand marché d'antiquaire. On s'attendait à se promener entre vieilles affiches et objets insolites. Pfff c'est bien sous-estimer le génie de la ville! Sur la place principale sont installés de nombreux stands. Jusque là tout va bien... Pourtant quelques petits détails nous paraissent douteux. Qu'est ce que fait cette vieille grand-mère à taper sur des pots de yaourt? Et l'autre là, il est habillé en ours! T'as vu le couple en cromagnon??? Et les trois qui se prennent pour des chats...




Ce marché est en fait un énorme spectacle! Chaque vendeur, peu importe l'âge, incarne un personnage en fonction de ce qu´il vend et le joue le plus sérieusement du monde. L'esprit est des plus loufoques et improbables, tout dans l'humour et le décalé! Cette bonne humeur se poursuit sur l'avenue adjacente où bric à brac, danseurs de tango, fringues du dernier cri ( lulu je t'imagine déjà avec tous tes sacs...), chanteurs, piano et saxophone s'étendent à perte de vue.



Du bonheur à l'état pur, une vraie leçon de vie! Ça sent bon la liberté. Les gens sont heureux de se retrouver, rient, chantent, bref ils vivent! (Je sais qu'en cette période de crise vous devez vous dire qu'elle est bien mignonne la Charlotte avec ses fleurs bleues et ses papillons mais c'est tellement rare un endroit si vivant que j'espère que chacun d'entre vous pourra y faire un tour une fois dans sa vie! ) De 7 à 19 heures tous les dimanches!!! On en redemanderait! Quelques heures plus tard la place se transforme en milonga ( bal populaire) où toutes les générations se retrouvent pour un tango. Quelques lampions, un orchestre, de hauts talons et le tour est joué! Nous restons un bout de temps à observer ces couples se former et se déformer sur la piste. C'est un peu ça l'âme des soirées à Buenos Aires... Il y a toujours quelque chose qui vous attend au coin de la rue. Le lendemain ça sera un concert de blues vers les minuits... heure à laquelle, les argentins se préparent toujours à sortir. Ils profitent vraiment de la nuit qu'il y ait travail ou pas le lendemain! Je crois que d'une manière ou d'une autre nous reviendrons ici!
Finies les plaisanteries et repartons sur la route! Et c'est peu de le dire... pour arriver à Puerto Madryn, il faut supporter 20 heures de bus. Là nous attendent des copines. On a un peu programmé notre voyage en Amérique du Sud en fonction d'elles et on espère qu'elles seront au rendez-vous! On loue rapidement une voiture, direction la péninsule de Valdès. Bon avant, un policier rappelle gentiment à Morgan le code de la route déjà bafoué en cinq minutes...même en Argentine, il ne déroge pas ses habitudes... Oui mais là on ne lui enlèvera pas de points!!! Des kilomètres de poussière... et de néant... On embarque, le sourire aux lèvres, à Puerto Pyramides, nos appareils photos sont chargés à bloc. Roulement de tambour: allons les voir!!! Hooouuuooouu, hey vous êtes où? " Mais si regardez" dit le capitaine. " Là bas il y a une maman et son petit..." Oh comme c'est attendrissant cette...chose... c'est la tête, non? ...



Tu l'as vu Morgan? Mais si regarde bien, le truc bizarre qui flotte... Ah non ne me fais pas cette tête là!!! Tu voulais les voir tes baleines et bien les voilà!!!



Quoi elles ne font pas des sauts acrobatiques??? Quoi elles ne sont pas photogéniques??? Quoi il y en a que deux???" Bon vous l'aurez compris, les baleines ne sont pas vraiment au rendez-vous et c'est un peu difficile de les voir. Apparemment on est pas tombé le bon jour... Ok c'est déjà pas mal d'en voir une fois dans sa vie, on en est conscient, rassurez-vous! Surtout quand le bateau se rapproche d'elles et qu'on se rend compte de leur taille! Le petit cracha au-dessus de la tête valait bien le détour... Et sur cette péninsule, il y a d'autres animaux. Les lions de mer et les phoques se dorent la pilule sur la plage et les pingouins viennent nous serrer la paluche... Toute une petite colonie à quelques centimètres de nous.







Et oui, ce n'est pas un reportage animalier, ils sont bien là devant nous à pousser des cris surprenants, à se promener gauchement, à se casser la figure... finalement c'est peut-être ce moment là que nous préférons! Chiquito aussi d'ailleurs, toujours en quête d'identité, il pense venir du pingouin maintenant... on ne l'arrête plus dans ses divagations... il nous a d´ailleurs fait un caprice pour rester bronzer un moment avec eux (pour preuve la photo initiale).
Cette charmante petite étape terminée, nous reprenons un bus pour cette fois trente heures... direction Ushuaïa... le bout du monde... Avant d'y parvenir, nous devons supporter quatre frontières. Oui, car si vous regardez bien la carte, il faut d'abord traverser le Chili. Et un tampon pour l'entrée et un tampon pour la sortie! Ça n'arrête pas et il faudra refaire la même chose au retour... Et ne parlons pas de la lenteur administrative... Enfin moi, ça me permet de troquer mes tongues contre des grosses chaussures... je suis partie un peu trop optimiste...on m'avait pourtant dit que c´était l'été là bas... De plein jour, à 22 heures à Ushuaïa, on est enfin arrivé.



C'est très spécial d'être ici, l'émotion se fait sentir. A cet époque de l'année, il ne fait nuit que six heures... Mais vu notre épuisement, on ne tarde pas à se laisser aller dans les bras de Morphée. Le jour suivant, nous partons dans l'après-midi pour une navigation sur la canal de Beagle. Nous optons pour un ancien petit bateau de pêche du nom de Las Tres Marias où Belgique, Espagne, France et Argentine se serrent les uns contre les autres contre le froid et le vent! Ordre du jour: lions de mer et promenade sur une petite île vierge d'habitation pour observer la faune et la flore. Les paysages sont absolument somptueux.



Les montagnes aux sommets enneigées semblent plonger dans la mer. Cet endroit est incomparable, et quel privilège d'y être... La balade sur l'île nous place au point stratégique entre l'Atlantique et le Pacifique. Nos cartes scolaires se matérialisent, vive la géographie vivante!!!



Au bout de cette magnifique île, nous découvrons dans leur intimité la plus totale des couples de cormorans veillant sur leurs petits.Nature magique quand tu nous tiens! Le retour au port est, par contre, plus mouvementé. D'un seul coup, le vent se lève et laisse place à une houle débordante d'énergie! C'est pour qui la douche?? Pour la Belgique! Et celle là? Pour la France! Bref, on se prend des seaux d'eau tout en rigolant. Ca nous apprendra à choisir le petit rafiot plutôt que le gros catamaran touristique...



( curieusement ça nous rappelle notre dernière navigation en Bretagne...) La journée fut excellente mais qu'en sera-t-il de la prochaine? Suspense...
La terre de feu est un vrai joyau. Je crois n'avoir jamais vu une nature plus belle, plus pure... plus vraie! On se sent en harmonie. Morgan ne cesse de répéter: "Mais que c'est beau!". Les montagnes dignes et enneigées, les lacs à la tranquillité absolue, les arbres menant une longue et paisible vie, tel est le cadre de notre balade. Tous nos sens sont en éveil et on en perd pas une miette... Lapins, bernaches, renards nous ouvrent le chemin, bienvenue dans le pays des Bisounours! Venez donc voir par ici l'air est bien meilleur...



Charlotte.